Dossier

UN PATRIMOINE GEOLOGIQUE PEU CONNU : LES GISEMENTS DE VERTEBRES FOSSILES BARTONIEN SUPERIEUR DU CASTRAIS
HISTORIQUE DES DECOUVERTES ET REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

 

GISEMENTS DES "GRES ET CONGLOMERATS DE PUECH-AURIOL, DE LA PLAINE DE VENES ET DE LA BOULBENE".
AGE BARTONIEN SUPERIEUR (MP 16)

GISEMENTS DES ENVIRONS DE CASTRES

 

Castres, Bouffard

Cette localité n'est connue que par la présence, dans la collection Noulet du musée de Toulouse, d'un "Paleotherium medium" (n° 2013.0.217).
Mais on ne dispose d'aucune donnée plus précise quand au lieu de récolte. C'est dommage car le lieu-dit occupe une position stratigraphique intermédiaire entre le Calcaire de Castres, dont l'âge Lutétien supérieur est établi, et les grès de Sicardens - La Fosse qui ont fourni l'essentiel de la faune du Bartonien supérieur du Castrais.

Castres, Sicardens

Située à l’Est de Castres, la colline de Sicardens est armée par des épais bancs de grès grossiers qui n’affleurent plus guère que sur le talus de la route de Lautrec. Au début du 19ème siècle, ils étaient exploités par une ou plusieurs carrières, aujourd’hui totalement disparues et impossibles à localiser.
J. Parayre à qui l’on doit l’essentiel des récoltes, décrit en 1858 le gisement comme " une brèche silico-calcaire... dans une carrière de grès-molasse (dans laquelle) on a découvert des débris d'ossements, des mandibules de diverses dimentions, dont la plus grande partie des dents existent encore. Cees débris appartiennent à la même espèce fossile des palaeotherium ".
D’après Roux du Carla, la richesse en fossiles de la roche y était exceptionnelle. Il écrivait en 1860 « Que de fossiles perdus par l’incapacité de nos ouvriers... il y a vingt ans, une carrière aujourd’hui comblée… tous les soirs j’aurais pu emporter ma brouette pleine d’ossements ».

La colline de Sicardens vue par son versant sud.


Recueillis et énumérés par Noulet (1863 et 1867), ces fossiles sont largement cités et figurés par Stehlin (1904a et b).
Richard en fait l’inventaire suivant (1946, p. 56) : Palaeotherium castrense (n° 2010.0.50 ; 2013.0.209), Anchilophus sp., Lophiotherium sp., Plagiolophus cf. minor, Xiphodon castrense (non retrouvé), Artiodactyle sp. ind.et un rongeur de petite taille.
Le Palaeotherium sp. (de taille intermédiaire entre P. castrense et P. curtum) est rapporté par Frantzen (1968) à son espèce nouvelle, Palaeotherium pomeli.
Remy (2012) y détermine Metanchilophus castrensis REMY (n° 2010.0.11, 12) et Metanchilophus gaudini gaudini (PICTET & HUMBERT).

Le gisement fourni également des fragments du crocodilien Pristichampsus rollinati (Astre, 1931, p. 50) et plusieurs frgments de tortues, Trionyx (n°2013.0.210) ; Allaeochelys parayrei (in Noulet, 1867, p. 177)(n° 2013.0.211 ?) et une espèce nouvelle, "Polysternum" mengaudi BERGOUNIOUX que De Broin (1977, p. 104) range dans le genre Neochelys et considère comme une forme voisine de Neochelys eocenica DE STEFANO.

Le gisement est également cité par Kowalewsky (1874, p. 243), Caraven-Cachin (1898, p. 279) et Stehlin (1905, p. 291, 486, 524 ; 1910, p. 978).

Le museum de Gaillac renferme de nombreux échantillons totalement inédits de ce gisement, dont on ne sait comment Philadelphe Thomas les a acquis : six molaires de " Paleotherium" (n° R30 à R35), un fragment de maxillaire inférieur de Xiphodon castrense (n° R36), une dent d'Iberosuchus crassiproratus (N° R29) et une dent de "Crocodilius" rouxii (n° R28).

Espèce nouvelle figurée de ce gisement :

Neochelys mengaudi (BERGOUNIOUX), 1935, p. 65, fig. 9.

Espèces figurées de ce gisement :

Palaeotherium castrense NOULET, 1863 in STEHLIN 1904a, pl. XI, fig. 7, 7 a, 7 b.
Metanchilophus castrensis REMY, 2012 (= Anchilophus sp. "grande espèce" Stehlin, 1904, pl. XI, fig. 4 et 5).


Dents du crocodilien Iberosuchus crassiproratus des "Grès de Sicardens"
Collection Philadelphe Thomas, Musée de Gaillac (n° R29)


Castres, La Badayre

Dans le prolongement occidental des affleurements de Sicardens, les grès de la Badayre ont fourni divers fossiles à Caraven Cachin (1898), mais il semble que les principaux fossiles reconnus par Richard (1946, p. 56) dans les collections de géologie de la Faculté des Sciences de Toulouse aient été acquis en 1926. Parmi eux, plusieurs fragments d’os d'un "Palaeotherium sp." ont permi à Frantzen (1968) de définir l'espèce nouvelle Palaeotherium pomeli.
Dans ce lot, figurait la carapace d'une tortue originale pour laquelle Bergounioux (1931) crée l'espèce nouvelle Allaeochelys nouleti. Mais, pour De Broin (1977, p. 206) et Hervet (2003, p. 302), l'espèce est un synonyme de Allaeochelys pareyrei. Curieusement, le spécimen-type de Paleotherium pomeli est actuellement concervé dans les collections du Musée de Bâle (Costeur et Schneider, 2010) (figure ci-dessous). Dans ces mêmes collections suisses, Remy (1998, p. 54) a aussi identifié Leptolophus nouleti STEHLIN, 1904.

Espèces nouvelles figurées de ce gisement :

Palaeotherium pomeli FRANTZEN, 1968, p. 32, pl. 1, 3-6.
Allaeochelys nouleti  BERGOUNIOUX, 1931, p. 176, fig. 7, pl. XIV ; 1935, p. 63,




Castres, butte de Beaumont

M. Contié rapporte, dans les pages de la Société littéraire et scientifique de Castres (1858, p. 139), la découverte par M. C. Valette de débris assez reconnaissables de carapaces de tortues dans " des blocs de grès au bord du sentier qui traverse la butte de Beaumont dans son milieu ". Au voisinage, " une carrière de pierre à chaux... comblée, aujourd'hui occupée par une vigne " lui avait fourni de nombreux fossiles de mollusques lacustres ("Helix potiezi, Lymnea castrensis et albigensis ").


Castres, La Marcelle

Le gisement de la Marcelle relève du même niveau stratigraphique, quelques centaines de mètres plus au Nord. Un maxillaire inférieur de Palaeotherium est reconnu par Roux du Carla (1860) « dans une charretée de grès grossiers apportée à Castres pour une construction provenant d’une petite carrière exploitée à la Marcelle, 3 km au Nord de Castres sur la Route d’Albi ».
Noulet (1863, p. 9) reconnaît l’espèce Palaeotherium medium, attribuée ensuite à Palaeotherium castrense par Stehlin (1904, p. 457) et par Richard (1946, voir gisement de Bouffard, p. 56).
Cette même carrière aurait pu ultérieurement fournir, à Caraven Cachin, les nombreux fossiles qu’il énumère en 1878 (p. 69) « Trionyx parisiensis abondent dans les grès, avec des feuilles du palmier Sabal major, des dents de crocodiles et les mâchoires de nombreux Lophiodon, Palaeotherium, Paloplotherieum, Aphelotherium, Xiphodon, etc… ». Mais en 1898 (p. 279), il ne cite plus de ce gisement, que Palaeotherium medium (= Palaeotherium castrense), des tortues, des crocodiles et des graines de Characées (Celtis nouleti).

 

Castres, La Fosse

Au nord de Castres, la colline de la Fosse est couronnée par un chenal gréseux d’épaisseur décamétrique appartenant encore au même niveau stratigraphique. A sa surface, les labours ont livré divers fossiles de vertébrés, successivement récoltés par Caraven-Cachin vers 1860 et vers 1878. Ils seront figurés pas Gervais (1867-69) et par Filhol (1888 p. 131). Les fossiles de la collection Noulet y ont été récoltés par l'Abbé Boyer.

Selon Stehlin (1903, p. 95 ; 1904, p. 447, 457, 460), Astre (1931, p. 51), Richard (1946, p. 55) et Frantzen (1968), la faune retrouvée dans les diverses collections se compose de Lophiodon lautricense (Musée d’Albi, photo ci-dessous), Palaeotherium castrense (Musée de Toulouse, n° 2013.0.221), Palaeotherium siderolithicum et du crocodilien Iberosuchus crassiproratus (Muséum de Toulouse).

Espèces figurées de ce gisement :
Lophiodon lautricense NOULET, 1851. Gervais, 1867-69, pl. XXVIII, fig. 3.
Lophiodon lautricense NOULET, 1851. Filhol, 1888, p. 131, pl. XIII, fig. 7 ; pl. XVIII, fig. 6. Plusieurs molaires et une canine du Musée d'Albi).


Les grès du Bartonien qui arment la colline de la Fosse, dominent la ville de Castres, au Nord


Machoire inférieure de Lophiodon lautricense de la Fosse
(Collection Caraven-Cachin, Musée d'Albi)


Castres, La Verdarié

Plus au nord, le gisement de la Verdarié aurait fourni à Poitevin (1880) deux tortues fossiles nommées Alloechelys castrensis par Caraven-Cachin (espèce nomen nudum car non décrite et non figurée).
Plus tard, Caraven-Cachin signale de ce gisement (1898, p. 279) « Palaeotherium magnum, Paloplotherium annectens », mais aucun de ces échantillons n’est retrouvé dans les collections à l’exception de plusieurs molaires inférieures de Plagiolophus cf. cartailhaci identifiées par Richard (1946, p. 57) dans les collections de géologie de la Faculté des Sciences de Toulouse.

Du hameau de Benazeth, situé non loin, provient aussi l'Allaeochellys parayrei que la collection Noulet conserve sous le n°2010.0.113.

Espèce nouvelle de ce gisement :
Allaeochelys castrensis CARAVEN-CACHIN in Poitevin, 1880, p. 255. Non retrouvée en collection, détermination considérée comme nulle par Bergounioux (1935, p. 52) en raison de l’absence de description.


Les formations bartoniennes, au Nord de Castres.
Premier plan, à droite, la Vivarié, à gauche, le hameau de la Verdarié.

Castres, Molinier

En rive gauche du ruisseau du Rozé, divers fossiles conservés dans la collection de géologie de la Faculté des Sciences de Toulouse, semblent provenir de la même nappe gréseuse.
Parayre est le premier à évoquer ce site en 1858, puis en 1860, où il a trouvé " dans une calcaire de grès grossier, deux machoires de Palaeotherium, et, à coté d'elles, la carapace presque entière d'une tortue, (Tryonix) ", des dents de crocodiles et des empreintes de grande dimension de feuilles de palmiers.
Les machoires de Parayre sont revues au musée de Toulouse par Richard (1946, p. 57) qui y identifie Anchilophus sp. (une mandibule brisée) et Palaeotherium sp. (fragments de mandibules).
A noter que la collection Lartet du muséum de Toulouse renferme quelque fraglments osseux de ce site sous le n°2014.0.553.
Les collections du Musée de Bâle sont incomparablement plus riches. L'ensemble de ce matériel provient d'une fouille situé en bordure de la RN d'Albi, dont le propriétaire alimentait Stehlin à chacun de ses passages dans le Castrais dans les années 1905-1910.
Les Paléothéridés de ce gisement sont étudiés par Jean Remy qui définit le genre et l'espèce nouvelle Metanchilophus castrensis REMY, 2012. Il y identifie aussi Leptolophus nouleti STEHLIN, 1904(1998, p. 54) .

Espèces nouvelles figurées de ce gisement :

Metanchilophus castrensis REMY, 2012, p. 60, pl. 16, fig. 1-4, text.fig. 17-19.

Espèce figurée de ce gisement :

Leptolophus nouleti
STEHLIN, 1904 : Remy, 1998, pl. 2, fig. 1, 3 ; pl. 3, fig. 1

Castres, La Vivarié

Selon le même niveau stratigraphique, les grès de la Vivarié ont fourni à J. Parayre divers échantillons adressés à Noulet, dont un « Palaeotherium de la taille de P. medium » (Noulet, 1867, p. 176) et une tortue. Sur ce spécimen, Noulet (1867) établit le genre nouveau Allaeochelys et l’espèce nouvelle parayrei  « forme typique du nouveau genre » (1867, p. 177).
Le gisement est aussi cité par Caraven-Cachin (1898, p. 280). Curieusement, aucun des échantillons de la collection Noulet n’a été retrouvé par Stehlin (1904, p. 459), comme par Richard (1946, p. 57) à l’exception de la tortue nouvelle (n° 2010.0.112) qui est réexaminée, figurée et redéfinie par Bergounioux (1931, 1935), puis figurée à nouveau par de Broin (1977).

Genre nouveau et espèce nouvelle de ce gisement :

Allaeochelys parayrei NOULET, 1867 in BERGOUNIOUX, 1931, p. 161, fig. 1, 2, 3-4, 5, 6, pl. XII, pl. XIII.
Allaeochelys parayrei NOULET, 1867 in BERGOUNIOUX, 1935, p. 61, pl. II, fig. 2.


A gauche, carapace du spécimen-type de l'Allaeochelys parayrei de la Vivarié (Bergounioux, 1931 et 1935)
A droite, plastron d'un spécimen des environs de Lautrec

Castres, Nalzieu

Plus au nord, le même niveau gréseux a fourni à Noulet des restes d’un Palaeotherium, interprété par Stelhin (1904, p. 459 et 1905, p. 291) et Richard (1946, p. 58) comme une forme intermédiaire entre Palaeotherium castrense et P. curtum. Cette espèce n'est autre que le Palaeotherium pomeli de Frantzen (1968) (une mandibule avec plusieurs molaires de la collection Noulet du Muséum de Toulouse).


Une nappe de sables et de grès à stratifications obliques forme les reliefs qui s'étendent autour de Nalzieu

Castres, Campans

La collection Noulet du Musée de Toulouse renferme des restes de vertébrés, provenant des environs de Campans, sans précision complémentaire qui permettrait de localiser le ou les gisements, très certainement liés aux chenaux gréso-conglomératiques, nombreux aux environs du hameau.
Ces faunes, non citées par Noulet lui-même, sont signalées par Caraven Cachin (1898). Elles sont successivement revues par Stehlin qui précise la provenance « Carlus, à Campans » (1903, p. 95 ; 1904, p. 446). Richard (1946, p. 58) a pu identifier Lophiodon lautricense et Palaeotherium castrense, seul retrouvé dans les collection sous le n° 2013.0.214.


Castres, Puech-Auriol - Montfanet  

Le gisement est signalé par Caraven-Cachin (1881, p. 217-218 et 1898, p. 290). Non situé de façon précise, il se situe vraisemblablement, un km à l'Est de Puech Auriol dans les lits de grès de conglomérats qui culminent au niveau de la "Borne 346" entre les lieux-dits de Fontcouverte et Montfanet (écrit Montfarret sur la carte IGN).
Ces bancs, que l'on peut observer largement à l'affleurement le long du talus de la route de Roquecourbe, lui auraient fourni la face interne d’une molaire de « Palaeotherium magnum ». Ils reposent sur les argiles rouges qui succèdent aux argiles à graviers de la base de l'Eocène. Le calcaire de Castres est ici absent.

La collection du musée d'Albi renferme, de ce gisement, huit molaires d'un Palaeothéridés.

Le "Puech" et la métairie de Montfanet, à Puech Auriol

Castres, Sestayral

"Castayral" est la seule mention de ce gisement, relevée par Jean Remy (1998) dans les collections du Musée de Bâle, dans lequel il identifie Leptolophus nouleti.

Espèce figurée de ce gisement :
Leptolophus nouleti
STEHLIN, 1904 : Remy, 1998, pl. 1, fig. 7 ; pl. 2, fig. 2.

Castres. Les Fargettes, La Crouzarié

Il est difficile de séparer formellement ces deux gisements qui correspondent à une même couche gréseuse qui, à l'Ouest de Castres, est entaillée par la RD 112 de Castres à Lavaur, au niveau du carrefour des Farguettes. La nappe gréseuse y offre des stratifications obliques et entrecroisées particulièrement démonstratives (photo ci-dessous).
Cet affleurement aurait livré des molaires de Lophiodon lautricense à Roux du Carla (1860).
D’après Stehlin (1903, p. 95 ; 1904, p. 446), la collection Noulet renfermerait une incisive du même fossile provenant de La Crouzarié. Aucun échantillon n’est retrouvé dans les collections.

 

Sans localisation précise

Plusieurs échantillons provenant des environs de Castres et non localisés précisément, pour la plupart récoltés par Caraven et donnés à Gervais qui les figure en 1867-69 dans sa « Zoologie et Paléontologie générales » :
Palaeotherium siderolithicum (PICTET et HUMBERT) = P. cf. curtum CUVIER. Gervais, t. 1, pl. XXIV, fig. 5.
Palaeotherium castrense NOULET = Palaeotherium sp. Gervais, pl. XXIX, fig. 4.
Anchilophus sp. Gervais, pl. XXIX, fig. 10-10a.
Plagiolophus cartailhaci STEHLIN = Propaleotherium in Gervais, pl. XXIX, fig. 9, 9a.
Plagiolophus cf. minor (CUVIER) = Propaleotherium in Gervais pl. XXIX, fig. 6.

Alors que la collection Noulet de Toulouse renferme :
Metachilophus castrensis REMY ( n° 2010.0.6).
Paleotherium minor CUVIER (n° 2013.0.201), collecté par M. J. Brianne.
Lophiodon lautricensis NOULET (n° 2013.0.202.1-2, 3-24), tous deux collectés par l'abbé Boyer.
Xiphodon "gracile" CUVIER (n° 2013.0.203).

Le Chélonien terrestre, Hadrianus castrensis, des collections du Muséum de Toulouse, est décrit par BERGOUNIOUX, 1935, p. 53 et figurée pl. II, fig. 1 (également figuré par De Broin, 1977, pl. XXVI, fig. 4). 
Avec ce dernier, De Broin (1977, p. 16) et Hervet (2003, p. 306) citent Neochelys sp. et Allaeochelys parayrei (n° 2010.0.114) dans les environs de Castres, sans en préciser la localisation.

 

suite. Gisements des environs de Jonquières

 

 

 

 

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